On a reçu un commentaire intéressant sur la vidéo postée à propos des soins sans consentements.
Discussion fort intéressante, donc, MAIS - car il y a un gros MAIS, un point qui pourrait passer pour un détail vu le thème de la discussion, et que je désapprouve aussi fort.
Vos patients vous parlent avec emphase du livre de N. Demorrand ... et, si j'ai bien compris ce que vous dites, vous leur expliquez que vous êtes bien au-dessus de ça, que vous n'y apprendrez rien etc...
Ce dernier point n'est sans doute pas faux, mais, précisément, ce n'est pas la raison pour laquelle vous devez lire ce livre.
A ce stade, l'unique raison pour laquelle vous devez le lire est qu'il interesse vos patients (en plus du fait qu'il se lit en 1h, en prenant bien le temps de savourer...). En ne le lisant pas, en quelque sorte par transitivité, vous vous désintéressez de vos patients.
En en bonus, vous vous privez d'un medium qui permet au patient d'évoquer certains symptômes difficiles à décrire, à travers les mots d'un autre.
Je pense que c’est un excellent exemple de ce que peut apporter la thérapie sur le plan des compétences interpersonnelles; et pourquoi les patients qui ne peuvent pas les développer sont condamnés.
Vos patients vous parlent avec emphase du livre de N. Demorrand ... et, si j'ai bien compris ce que vous dites, vous leur expliquez que vous êtes bien au-dessus de ça, que vous n'y apprendrez rien etc...
Nous n’avons jamais dit ça. Ca n’est pas qu’une question de compréhension, il suffit d’écouter ce qu’on a dit. Et on a dit pas mal de chose, mais on n’a rien dit qui se rapproche de “on explique aux patients qu’on est au-dessus de ça”.
On n’a pas non plus dit qu’on expliquait aux patients qu’on n’y apprendra rien.
De fait, je dis juste aux patients que le temps me manque et que j’ai d’autres livres à lire sur ma liste (j’ai une quinzaine de bouquins qui s’empilent dans le bureau de la consultation).
En ne le lisant pas, en quelque sorte par transitivité, vous vous désintéressez de vos patients.
Non. C’est un bon exemple de règle. Si vous ne faites pas ça, c’est que vous “….”.
Si tu ne retiens pas ce que je t’ai dis, c’est que tu t’en fous.
Si tu oublies ma date d’anniversaire, c’est que tu ne m’aimes pas.
La liste est sans fin.
On a là le combo gagnant. La première partie consiste à dire quelque chose qu’on a compris, par opposition à quelque chose qui a été dit.
Et la seconde met en avant une conclusion qui n’est rien d’autre qu’une règle qui n’a rien d’absolu, en réalité un jugement de valeur.
Certains patients sont incapables de décrire ce qu’il se passe. Ils ne réagissent qu’aux interpretations de ce qu’ils observent, et s’enferment ensuite dans des règles absolues dont ils sont parfois les seuls convaincus.
C’est quelque chose qui ressort souvent de l’entretien avec l’entourage.
“- Il s’est passé quoi avec Tom ?
- Il fait l’insolent.
- Il a fait quoi ?
- Et bien se contrefiche de ce qu’on lui dit. Il n’écoute pas. Il fait n’importe quoi.
- Mais, concrètement, il s’est passé quoi ?
- C’est comme d’habitude il transgresse le cadre; c’est sûrement l’adolescence, tous les adolescents font ça à 14 ans.”
Les faits, c’est que Tom était rentré de son match de foot les pieds pleins de terre et en avait mis partout.
Peut-être qu’il avait trop faim et qu’il n’a pas pensé à enlever ses godasses.
Peut-être qu’il était en fin de ritaline et qu’il n’a pas pensé à enlever ses godasses.
Peut-être qu’il a fait ça pour emmerder son père.
Tout est possible. Mais si on ne commence pas par décrire les faits, ça ne sert à rien d’aller plus loin.
Et si on assène ses règles aux autres, ça ne sert à rien communiquer avec eux.
Attention, je précise que c’est juste un exemple, j’aurais pu prendre un autre commentaire similaire; je ne cherche pas à répondre au commentaire en question.
On peut reformuler : il est possible que vous ayez des difficultés à exprimer vos émotions et vos symptômes, un livre qui aborde des thèmes que vous trouvez résonnants peut vous permettre de mieux partager vos expériences et votre ressenti, ce qui peut amener une meilleure compréhension de vos difficultés.
Je suis plutôt d accord avec la publication